SILENCES IMPOSÉS

février 03, 2025

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SILENCES IMPOSÉS

Lorsque j'étais enfant, j'ai été témoin d'une scène profondément marquante. Mon père, armé de son fusil de chasse, a tiré sur ma sœur aînée Véronique. Quand je lui ai demandé ce qu'il faisait, il m'a répondu qu'il tirait sur les rats.

À partir de ce moment là, notre vie a repris son cours normal avec les multiples corvées et la reprise de l'école mais je n'ai jamais revu Véronique.

Ma sœur fréquentait une grande école éloignée de notre domicile et était interne. J'ai entendu dire qu'elle y avait trouvé l'amour. Elle avait quatre ans de plus que moi.

Ma mère, pour nous dissuader de raconter nos histoires de famille en dehors de la maison, n'a pas hésité à torturer des animaux en coupant la langue d'une volaille et en ôtant l'œil d'un lapin à vif sans les avoir assommé avant, et en nous menaçant de nous infliger le même châtiment si nous révélions les secrets de famille.

Un jour, des amis de mon père sont venus chez nous et l'un d'eux, après avoir mangé notre maigre ration pain, est allé aux toilettes qui bouchées ont débordées.

Mon père furieux a alors hurlé :

-" Même crevée, elle continue à me faire chier !" ( Désolée pour la vulgarité mais ce sont ses mots.)

Encore enfant, je n'ai pas compris pourquoi il avait crié cela.

Avec le temps, ma sœur Carole et moi avons évoqué cette histoire et Carole, mon aînée de trois ans, a émis l'hypothèse que le cadavre de Véronique avait été jeté dans la fosse septique des toilettes.

Nous nous sommes toujours demandées ce que Véronique avait bien pu voir ou entendre, ou les deux ...

MARIE SYLVIE