CE QUI POUSSE DERRIÈRE LE SILENCE










Ils étaient là silencieux les livres.
Pas des objets mais des veilleurs.
Ils s'ouvraient telles des coquilles anciennes 
Laissant s'échapper des brumes de mémoire
Des éclats de sel
Des parfums d'encre et de poussière.

Chaque page creusait un sillon dans le réel
Un passage secret entre le visible 
Et ce qui attendait tapi derrière.

Les mots ne parlaient pas tout de suite.
Ils serpentaient
S'enroulaient autour des gestes quotidiens
Le pain rompu
La pierre soulevée
Le regard posé sur l'eau.

Et puis sans prévenir quelque chose surgissait.
Une amertume douce 
Telle celle des vérités que l'on a pas cherché
Mais qui nous trouvent.
Une clarté nue
Telle celle du sel sur la peau après la mer.

Alors derrière les choses
Derrière les travaux
Derrière le bruit du monde un arbre se dressait.
Pas un arbre en bois mais un arbre de savoir.

Ses racines plongeaient dans les silences nus
Ses feuilles bruissaient de questions sans réponse.
Et dans son ombre on apprenait à voir autrement
Non pas ce qui est mais ce qui devient .


Le livre est un arbre qui parle
Un silence qui écoute.

Le savoir est une mer silencieuse 
Où chaque mot est une vague.







https://mariesylvie.blogspot.com/

Commentaires

  1. Bonjour Marie-Sylvie. Beau poème sur l'ouverture proposée par les livres, avec une belle conclusion. Bonne journée

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  2. Que c'est beau !! Que de jolis mots !
    J'aime tant les livres et les arbres...
    Bon mercredi chère Marie Sylvie
    Bien amicalement

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  3. un très beau poème qui s'ouvre sur bien des questions.
    bravo

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