BOULINGRIN DES OUBLIÉS

 BOULINGRIN DES OUBLIÉS 

Dans les Boulingrins assoupis, là où l'herbe murmure des secrets aux statues oubliées, un brin de lumière glisse entre les feuillages comme un souvenir qui refuse de mourir. 

Le bourg tout entier semble suspendu, pris dans l'étreinte d'un silence inouï, celui qui précède les grandes révélations ou les petits miracles. 

Un luron passe, le regard vif, les poches pleines de brugnons volés et de rêves ébréchés.

Il rit comme un fauve qui aurait troqué sa crinière contre une couronne de coquillage.

À ses pieds, un oursin roule, échappé d'un monde marin, piquant le sol comme pour réveiller les dormeurs des gourbis voisins, ces abris de fortune où l'union des âmes se fait dans la chaleur d'un thé trop sucré. 

Le noir tombe mais ce n'est pas la fin.

C'est une promesse. 

Celle que l'oubli ne gagnera pas tout.

Que même dans les recoins les plus sombres,  il trouvera toujours un éclat, un souffle, un mot.

Et peut-être, au détour d'un sentier, un boulingrin en fleurs, gardé par un lion de pierre et un enfant qui n'a jamais cessé de croire.

Il reste toujours un jardin 

pour ceux que le monde oublie, 

et un brin de lumière 

pour ceux qui savent encore regarder l'ombre. 

MARIE SYLVIE 

https://mariesylvie.blogspot.com