LA MEUTE INVISIBLE







 LA MEUTE INVISIBLE 





Ils tiraient. 
Sans bruit, sans ordre, les chiens de traîneau de son être s'élançaient dans le blanc.
Elle ne savait plus si elle les guidait ou si elle était guidée. 
Quelque chose en elle ... une tension, une impulsion, une brûlure douce.
Elle ne l'appelait pas. 
Elle ne la nommait pas.
Mais elle la sentait, là, sous sa peau, dans les fibres, dans le souffle. 

Chaque pas était une tentative.
Tentative de traverser l'hiver intérieur, de répondre à l'appel sans voix.
Elle avançait, passive parfois, comme portée par le traîneau de ses pensées. 
Puis soudain, une vague, un instant agressif surgissait, une envie de tout rompre, de tout dire, de tout refaire. 
Elle vacillait entre les deux, entre le gel et le feu.

Son esprit, âme dubitative cherchait des repères, des signes, des raisons.
Mais il n'y avait que le vent et cette force qui ne cessait de tirer.
Elle devenait pensif, regardant les traces laissées derrière elle, les silences, les absences. 
Et dans ce regard, une émotion, sentiment admiratif naissait ... non pas pour elle-même mais pour cette force invisible qui ne renonçait jamais. 

Autour d'elle, les autres semblaient avancer en coopérative chacun avec ses propres attelages, ses propres chiens, ses propres failles. 
Elle, seule, suivait son instinct ... ce nez qui flairait les vérités enfouies sous les apparences. 
Elle ne savait pas où elle allait mais elle savait qu'elle ne pouvait plus s'arrêter. 

Et parfois, dans le souffle de cette tension, elle sentait une chaleur lascive s'insinuer ... non pas désir charnel mais désir d'abandon, de fusion, de dissolution dans le mouvement. 
Une sensualité du vertige, une ivresse du glissement. 

Alors  elle prit une initiative 
Pas un cri.
Pas un saut.
Juste un souffle plus profond.
Une écoute plus fine. 

Et dans ce léger déplacement, elle sentit que quelque chose changeait. 
La tension ne tirait plus vers elle mais avec elle. 
Elle n'était plus traînée. 
Elle devenait la course elle-même.

Et si rien n'était définitive,
C'était peut-être parce que tout était vivant.

MARIE SYLVIE 





https://mariesylvie.blogspot.com

Commentaires

  1. Coucou Marie Sylvie.
    Exercice réussi et mots imposés bien placés, bravo
    Bises et bon vendredi
    Zaza

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  2. un très beau texte un scénario original

    FA

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  3. Hello MarieSylvie
    Beau texte. Tu aurais dû laisser le lien sur mon blog
    Bon we

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    Réponses
    1. Chère Soène,

      Merci beaucoup pour ton passage !
      C'est gentil .

      Je n'ai pas laissé le lien car mon texte ne répondait finalement pas à toutes les consignes ( Je n'avais pas pris la photographie en compte ).
      Bon week-end à toi aussi !
      Bien amicalement, Marie Sylvie

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