LE ROYAUME DES DÉCHARGES
ATELIER D'ÉCRITURE CRÉATIVE DE AN'MAÏ
UN THÈME - QUATRE MOTS # 01
THÈME : Départ en vacances
QUATRE MOTS : Emprisonner - Recours - Cueillette - Semblable
LE ROYAUME DES DÉCHARGES
On replonge dans la plume et les mots imposés, avec le soleil du départ en vacances au coin du texte.
N'étant jamais partie en vacances, j'ai choisi de vous raconter mon histoire dans sa sève et ses racines. Elle a cette aura brute que l'on ne déguise pas, un chant de liberté cueilli dans les décharges, cousu dans le fil de l'enfance. C'est une part de moi, un fragment de ma vie où les départs en vacances ne ressemblaient pas aux cartes postales habituelles mais où ils deviennent une conquête intérieure. C'est une histoire de lumière dans l'ombre, d'invention là où il n'y avait rien. C'est un bout de moi tissé avec les fils récupérés d'une mémoire vive, un conte vrai, né entre les coutures d'un été sans départ, un royaume fait de rebuts et de rêves cueilli à la main, sur la dignité trouvée dans les lieux oubliés. LE ROYAUME DES DÉCHARGES, c'est une métaphore de liberté à travers les objets et les gestes simples. C'est aussi une manière de dire que le beau se cache là où personne ne regarde.
Mon récit raconte ces instants de bonheur glanés dans l'ombre, cette lumière trouvée là où on ne l'attend pas. C'est une réponse différente à ce défi mais sincère et fidèle à mon vécu.
Là où d'autres voient des vacances dans des catalogues, des hôtels, moi, je révèle un autre monde d'émerveillement dans les marges n'ayant jamais connue ces vacances à la mer, à la montagne ni voyage en famille.
Ce n'était pas la pauvreté qui emprisonnait mes vacances dans un rêve lointain. Non. Le recours existait : les billets de train gratuits, les colonies SNCF, les tarifs avantageux, les promesses de l'évasion. Mais mes parents, semblables à des geôliers du quotidien, n'ouvraient jamais les portes.
Moi, j'étais la petite main, le " boy" que l'on prêtait, troquait pour coudre, pour laver, pour servir.
Jusqu'au jour où j'ai rencontré Cécile, couturière généreuse aux doigts d'or et à l'œil de lynx. Avec elle, j'ai appris que les vacances ne se prennent pas, elles se cueillent.
Dans les entrailles d'une décharge sauvage, là où les autres jettent ce qu'ils croient périmé, moi je ramassais le monde. Les boutons de nacre, les dentelles effilées, les livres aux pages froissées, les chaussures presque neuves, tout devenait trésor, tout avait sa valeur. Cécile récupérait, transformait, moi je rêvais.
Et à quelque pas, une haie de mûres offrait ses perles noires à notre cueillette du jour. On les goûtait comme les enfants croquent le fruit volé du jardin interdit : Avec joie, avec fougue, avec liberté.
Puis me vint l'idée de bâtir mon refuge. Un igloo de bottes de paille, caché du monde, gardiens de mes merveilles. Ce n'était pas un hôtel trois étoiles mais un palais pour une reine invisible. Là, chaque jour était un départ vers un ailleurs inventé. Là, je me suis offerte ce que le monde ne voulait pas me donner.
MARIE SYLVIE
https://mariesylvie.blogspot.com
Bonjour Marie-Sylvie, comme une histoire d'un autre siècle, une Cosette de Hugo........ et ce royaume des décharges avait le goût de l'évasion ! Merci à cette Cécile, bonne fée en quelque sorte, et cette "cabane" un paradis ! Merci, bon dimanche, amitiés, jill
RépondreSupprimerBonjour Marie-Sylvie,
RépondreSupprimerUn très beau texte, aussi émouvant que bien écrit. C'est aussi un merveilleux message d'espoir. En effet : "le beau se cache là où personne ne regarde".
Bien amicalement,
Martine
Ton esprit s'empare des utopies et tu les fait vivre sous le talent de ta plume
RépondreSupprimerLes voilà donc qui ne sont plus chimeres mais vivantes en Ton imagination bien fertile.
C'est beau à lire...
Un texte très emouvant ou la beauté permet de s'évader d'une vie douloureuse
RépondreSupprimerQue rajouter aux commentaires déjà posés sinon que ton histoire m'émeut au plus profond par sa touchante sincérité. La phrase qui m'a le plus émue est celle ci :"Dans les entrailles d'une décharge sauvage, là où les autres jettent ce qu'ils croient périmé, moi je ramassais le monde." Un jour, en privé, je t'expliquerai pour quoi. Merci du fond du cœur pour ce témoignage Marie-Sylvie. Bises
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