ENTRE DEUX MONDES
DÉFI DU SAMEDI # 886
Ce récit est né d'un mur.
Un mur brun, basané, quelque part à Città di Castello. Sur sa peau rugueuse, une inscription :
" SONO SOLO É TRISTE
Il 6-1-09 "
" Je suis seul et triste, le 6-1-09 "
Et dans ce cri figé, j'y ai vu autre chose : Le ventre arrondi d'une grossesse, la solitude d'un être encore invisible, l'angoisse d'un bébé qui hésite à naître dans un monde abîmé.
Ce récit est sa voix.
Une voix qui parle depuis l'intérieur, depuis ce lieu secret où l'amour protège mais ne peut retenir, les pensées d'un bébé encore à naître, seul mais enveloppé, qui redoute de franchir la porte vers la vie des hommes.
ENTRE DEUX MONDES
Avant les cris, avant les regards, avant même le souffle, il y a ce lieu : Le ventre. Un monde clos, doux, palpitant. Et dans ce monde, une conscience s'éveille. Elle écoute les échos du dehors, elle devine les blessures de la terre et hésite.
《 Je suis là, lové dans le velours chaud d'un silence battant.
Un cœur me berce, un souffle m'enlace. Je suis une pensée encore floue, un soupir d'étoile en attente. Et pourtant, déjà, je sens le tumulte derrière la porte.
Le monde des hommes m'appelle mais je n'ai pas envie. Je l'entends gronder ce monde. Il parle fort, il court vite et il oublie souvent. Il salit la terre qui le nourrit, il se bat pour des idées qu'il ne comprend plus.
Moi je suis bien ici !
Dans ce cocon de chair et de lumière tamisée, je suis seul, oui mais je suis entier. Protégé par l'amour pur d'une mère qui ne doute pas. Elle me parle sans mots, elle me chante sans voix.
Pourquoi naître si c'est pour respirer un air blessé ?
Pourquoi ouvrir les yeux si c'est pour voir les cieux troués par les bombes ?
Je suis un rêve encore intact, et le monde des hommes me semble trop vieux pour moi.
Mais peut-être ....
Peut-être qu'un jour je serai la goutte d'eau qui nettoie, le rire qui répare, la main qui refuse de frapper.
Alors, doucement, je m'approche de la porte. Pas pour fuir ce ventre mais pour tenter, malgré tout, d'y semer un peu d'innocence. 》
Naître, c'est accepter de quitter l'éternité pour apprendre à aimer dans le chaos.
MARIE SYLVIE
https://mariesylvie.blogspot.com
Le bébé peut se sentir si bien dans le ventre de sa mère !
RépondreSupprimerla naissance d'un enfant est souvent décrite comme une violence pour l'enfant, seule l'amour maternel va pouvoir l'atténuer.
RépondreSupprimerFA
Bonjour Marie Sylvie
RépondreSupprimerUne vue surprenante du sujet de Walrus.
C'est fou comme chacun peut avoir des versions différentes, je suis toujours épatée !
Bonne semaine à toi