CHANT DU DERNIER SABOT
ATELIER DE GHISLAINE
QUELQUES MOTS
POUR UNE GRANDE HISTOIRE
# 257
SUJET N ° 1 :
Aise - Confort - Esprit - Liberté - Place - Pose
SUJET N° 2 :
Bagnole - Torgnole - Turbin - Gamin - Mandale - Scandale
SUJET N ° 3 :
Texte avec au moins 5 mots commençant par la lettre S
Dans un monde où le bruit des moteurs a remplacé le souffle des crinières, où le bitume recouvre les sentiers de mémoires, ce texte est un ode à ce qui fut .... à ce compagnon noble et silencieux qu'était le cheval.
Il ne polluait pas, il ne tuait pas, il avançait avec lenteur mais portait en lui la cadence du vivant.
Ce poème CHANT DU DERNIER SABOT est né de l'union des trois sujets de l'atelier # 257, comme un tissage de regards, de mots et de sensibilités.
Il est le fruit d'une réflexion où chaque sujet a trouvé sa voix dans le galop des idées.
CHANT DU DERNIER SABOT
Sur le pignon nord du bâtiment, le fourrage s'empilait comme une écharpe douce et rustique, gardienne des hivers.
Le cheval, silhouette noble, passait dans le silence des matins brumeux, son souffle chaud dessinant des arabesques dans l'air froid.
Il ne roulait pas ... il dansait.
Son esprit libre fendait les sillons avec la grâce d'un poème muet.
Il ne consommait rien mais il offrait tout : Le rythme, la chaleur, la mémoire.
Chaque son de son fer sur la pierre était une symphonie, chaque hennissement une offrande à l'aube.
Il ne connaissait ni mandale ni torgnole, juste la sagesse du pas, la sérénité du regard, et cette liberté qui ne s'achète pas.
Puis vint la bagnole, avec ses sifflements, ses slogans de vitesse, ses systèmes huilés vrombissants .
Elle pose ses pneus telle un gifle sur la terre, étouffe les champs sous le bitume et sature l'air de suie et de souffrance. On a troqué l'odeur du foin pour celle du carbone, le souffle du cheval pour le sifflements d'un moteur. Le cheval ne laissait derrière lui que des empreintes de vies. La voiture, elle, imprime des cicatrices. Là où le sabot caressait la terre, le pneu l'écrase. Et pourtant c'est le sabot qui savait écouter le monde.
Le progrès n'est pas dans la vitesse mais dans le respect du souffle qui nous relie à la nature.
Le gamin d'hier, celui qui riait sur le dos du cheval, qui caressait la crinière, est devenu un adulte dans un monde de surchauffe, et court désormais entre deux feux rouges, prisonnier du turbin, aveuglé par le confort qui sent l'usine crachant son venin et l'essence.
Mais le cheval, lui, embaumait.
Il portait l'aise dans ses flancs, la sérénité dans ses sabots et la sagesse dans ses silences. Il avait sa place dans le paysage, non pas imposée mais méritée ... comme une évidence entre ciel et terre.
Il servait, il savait, il suggérait une autre manière d'être.
Il n'était pas un outil mais une âme.
Aujourd'hui, il regarde depuis son pré oublié le route devenue scandale, le bitume qui étranglent les racines, les ponts d'échappement qui toussent sur les étoiles.
Et il souffle, doucement, comme pour rappeler que la nature n'a pas besoin d'essence pour avancer. Il souffle, encore, comme une vieille légende que l'on aurait trop vite rangée.
Le cheval ne laissait rien derrière lui que des empreintes de vie, avançant avec lenteur mais emportant l'âme du paysage, là où le sabot caressait la terre et le hennissement saluait l'aube ... tandis que la voiture imprime des cicatrices, file en oubliant tout, et étouffe la mémoire sous le goudron.
On a troqué le hennissement contre le grondement, l'odeur du foin pour celle du carbone. Et la terre pleure en silence.
MARIE SYLVIE
https://mariesylvie.blogspot.com
Quel beau et poignant chant du dernier sabot !
RépondreSupprimerLes chevaux sont sous le moteur, désormais.
Si noble animal...
Quel incroyable hommage à ce superbe animal qu'est le cheval, longtemps considéré comme le plus noble ami de l'homme au cours des siècles passés. Car il avait multiples fonctions et l'accompagnait de tant de façon : pour tirer la charrue dans les chants, pour combattre au côté des soldats, pour transporter les voyageurs et des marchandises aussi, etc...
RépondreSupprimerIl y a un grand vent de nostalgie qui souffle sur ton texte, chère Marie Sylvie et comme je te comprends. A force de modernité, nous avons relégué les usages d'une vie plus proche de la nature, des animaux et de l'homme en général.
Superbe défi, magnifiquement relevé avec un texte touchant, émouvant et dégageant les effluves d'une sage vérité.
Bravo, amie de plume ! Bisous d'amitié
Bravo Marie Sylvie, défi relevé avec brio en utilisant les 3 sujets.
RépondreSupprimerBises et bon jeudi – Zaza
un m
RépondreSupprimerun magnifique enchainement, j'aime bien l'idée du chant du sabot qui est séduisante, tu viens d'écrire un monde perdu avec une tendre nostalgie.
RépondreSupprimerFA
3 en 1 + 1 cheval qui laisse des empreintes de vie
RépondreSupprimerbravo
Quel constat terrible tu nous livres ici et pourtant si vrai !
RépondreSupprimerTu as su faire ressortir des émotions qui pour ma part m'ont touchée
et qui du fait me donne encore à réfléchir.
La terre en effet pleure en silence et j'ajouterai avec effroi.
Merci Marie Sylvie pour ce talent inné chez toi de nous question au plus profond
de nous en regard de tes écrits si prenants et réalistes. Merci de ce partage.
Bonsoir Marie Sylvie,
RépondreSupprimerVraiment superbe, que ce que tu nous écris de ce temps jadis ! Temps connu étant jeune.
Moi qui aime les animaux j'apprécie fort bien ta participation à relever le défi !!! Le hennissement et l'odeur me sont encore familiers quand j'y pense.
Bonne et douce soirée !
En toute amitié,
Colette
Ton texte est captivant et émouvant. Tes mots envoient des images alternant entre la campagne bucolique et les routes surchargées sur lesquelles nous roulons ou (pardon pour l'expression) nous crevons! Le passé pas si lointain et le présent presque futur qui nous détruit.
RépondreSupprimerBravo pour ce partage! Belle soirée,
amitiés, Clem