LES AMBASSADEURS

 

LES AMBASSADEURS - 1533 - 

 - Hans HOLBEIN Le Jeune  -

LES AMBASSADEURS de Hans HOLBEIN Le Jeune est une œuvre fascinante précisément parce qu'elle joue avec le point de vue de manière si ingénieuse et symbolique.  C'est un chef-d'œuvre de l'art du Nord de la Renaissance. 

Hans HOLBEIN a peint les deux ambassadeurs, Jean de Dinteville ( à gauche l'homme d'action en habits de  cour ) et Georges de Selve ( à droite, l'homme de pensées,  en tenue ecclésiastique), dans une pose solennelle. Mais l'élément le plus frappant est l'objet anamorphique qui traverse le bas du tableau. Pour le reconnaître comme un crâne, le spectateur doit se placer sur le côté droite, à un point de vue très oblique. 

L'œuvre joue avec différentes perspectives. La représentation des ambassadeurs et des objets environnants semble réalisée selon une perspective traditionnelle tandis que l'anamorphore du crâne exige un point de vue décalé pour être déchiffré. 

Le tableau force le spectateur à adapter plusieurs points de vue pour appréhender pleinement son contenu. La vision frontale révèle la richesse et le statut des personnages tandis que le point de vue latéral révèle la memento mori, le rappel de la mortalité. 

Le point de vue multiple crée une énigme visuelle et invite à la réflexion sur la vanité, la mort, et la relativité de la perception. L'œuvre ne livre pas son sens immédiatement mais nécessite une participation active du spectateur et une exploration de différents angles de vision. 

Hans HOLBEIN utilise cette dualité du point de vue pour engager le spectateur non seulement visuellement mais intellectuellement, transformant l'œuvre d'un simple portrait en une méditation complexe sur la vie, la mort et la perception. 

Hans HOLBEIN Le Jeune ( vers 1497/98  - 1543 ) fut l'un des plus grands peintres portraitistes du début du XVIème siècle et une figure majeure de la Renaissance de l 'Europe du Nord.

Issu d'une famille d'artistes allemands  - son père,  Hans HOLBEIN l' Ancien, était également un peintre respecté  - il a été formé dans la tradition de l'art du Nord, caractérisé par une minutie exceptionnelle et un souci de détail. 

Hans HOLBEIN Le Jeune est surtout connu pour ses portraits. Il avait une capacité extraordinaire à capturer non seulement les traits physiques de ses sujets, mais aussi leur personnalité et leur statut social. Ses portraits sont d'une précision photographique avant l'heure, avec une attention incroyable aux textures des vêtements, des bijoux et des accessoires. 

Il a travaillé pour des figures de premier plan en Europe, notamment à Bâle en Suisse où il a produit des œuvres religieuses et des portraits,  puis en Angleterre.

C'est en Angleterre qu'il connaît la consécration, devenant le peintre officiel du Roi Henri VIII. Il a réalisé des portraits célèbres du Roi lui-même, de ses épouses comme Anne de Clèves, et de nombreux membres de la cour et de l'aristocratie anglaise. Ces portraits sont des documents historiques précieux sur la période des Tubor. 

Au-delà des portraits, Holbein a également réalisé des œuvres religieuses, des retables, des illustrations de livres notamment pour Erasme, des dessins de bijoux et des décors.

Bien qu'étant un artiste du Nord, il a été influencé par les innovations de la Renaissance Italienne, notamment en matière de perspective et de composition, qu'il a su intégré à son style méticuleux. 

Son œuvre a laissé une empreinte durable sur l'art du portrait. Il est admiré pour sa technique impeccable, son réalisme saisissant et sa capacité à transmettre la psychologie de ses modèles. 

LES AMBASSADEURS 

Sous le vert drapé du temps, profond et sombre, 

Deux hommes se tiennent, éclatants de l'ombre. 

L'un en soie rose, la fourrure au col fier,

L'autre en habits sombres, au savoir l'œil clair.

Sur la table, instruments du monde et des cieux, 

Globes terrestres, luths aux accents gracieux. 

Boussoles d'argent, livres ouverts et lus,

Tout l'esprit humain, savamment débattus. 

Mais dans l'onde basse, un secret se déploie,

Forme étirée et floue, qui l'œil déconvoie.

Un crâne apparaît lorsque l'angle se défie,

Memento mori, la vanité est finie.

De ce regard oblique, la mort nous sourit,

Rappel puissant que tout pouvoir périt. 

Holbein nous enseigne, d'un art ingénieux, 

Que l'ici-bas s'efface sous d'autres yeux. 

Entre gloire et poussière, un message est tracé, 

Dans cette toile immense, le temps est mesuré. 

Et le peintre, maître, nous invite à penser, 

Au-delà de l'image, à la vie, à passer.

MARIE SYLVIE 

https://mariesylvie.blogspot.com