PROFESSEUR NIMBUS
ATELIER D'ÉCRITURE DE VILLEJEAN CONSIGNE AEV 2425 - 29
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LA MUSIQUE ADOUCIT LES MŒURS
Dans un petit appartement au sixième étage, vivait un certain Monsieur Grincheux. Son nom n'était pas un hasard : Monsieur Grincheux portait bien son sobriquet. Il détestait le chant des oiseaux, les sourires des voisins, et surtout, par-dessus tout, le joyeux brouhaha de la vie. Chaque matin, son réveil était un supplice. Il s'extirpait de son lit avec l'élégance d'un pachyderme ensommeillé et l'humeur d'une porte de prison rouillée.
Un jour, sa vieille radio poussiéreuse et oubliée se mit en marche toute seule. Un air entraînant, aux cuivres pétillants et aux percussions frénétiques, envahit la pièce. Monsieur Grincheux tenta d'abord de l'éteindre mais ses doigts boudèrent. L'air insidieux commença à le titiller. D'abord un orteil, puis un genou, et bientôt, c'est tout le corps qui se balançait sans même qu'il s'en rende compte. Il ne dansait pas vraiment, il désengourdissait ses articulations avec une vitalité inattendue, comme il aurait dit.
Puis, une pulsion irrésistible le saisit : Il sortit son balai et commença à simuler une guitare électrique, hurlant des " WOUHOU ! " absolument pas dignes de son statut de râleur professionnel. Les murs fins de l'immeuble firent le reste. Intrigués par ce vacarme inhabituel, les voisins commencèrent à frapper à sa porte. D'abord timides puis enjoués, ils entrèrent attirés par la folie contagieuse émanant de l'appartement.
En moins de temps qu'il en faut pour dire " pogoter", le salon de Monsieur Grincheux était transformé en piste de danse improvisée. Il se retrouva au centre, souriant bêtement, le balai toujours à la main, entraînant ses voisins dans une sarabande endiablée. À la fin de la soirée, épuisé mais étrangement léger, Monsieur Grincheux réalisa une chose : Il avait ri .... pour la première fois depuis des années.
MORALITÉ :
Méfiez-vous des vieilles radios qui se mettent en place toutes seules. Elles pourraient bien vous transformer en maître de cérémonie d'une fête impromptue et vous faire découvrir que même le plus grand râleur du monde peut avoir le rythme dans la peau ... et le sourire aux lèvres !
MARIE SYLVIE
Cette illustration me fait penser à une sorte de " Don Quichotte" de la lecture face à la nature sauvage.
LE PROFESSEUR BÉDOUARD
ET LA SAGESSE AÉRIENNE
Le Professeur Bédouard, éminent spécialiste des textes anciens et des pensées profondes, avait une conviction inébranlable : La lecture élève l'esprit.
C'est ainsi que, chaque matin, avec son fidèle caniche Fifi, aussi savant que philosophie canine qu'il l'était en creusage de terrier, il s'aventurait dans des montagnes escarpées. Non pas pour l'air pur, oh non ! Mais pour trouver un lieu idéal où son esprit, nourri par les lignes de son imposant bouquin, pourrait s'élever littéralement jusqu'aux sommets.
Un jour, perché sur un piton rocheur précaire, le Professeur, absorbé par un traité sur l'apesanteur de l'âme, ne vit pas le faucon pèlerin, Archibald, qui tournait dans le ciel, l'œil vif et l'estomac creux. Archibald, grand amateur de montres de poche brillantes et de lunettes cerclées, repèra la cible parfaite : Les petites breloques du Professeur, qui, en pleine méditation textuelle, avaient l'air délicieusement vulnérables.
Archibald piqua. Le Professeur, pris de court, lâcha son livre et se retrouva, par un étrange effet de balancier induit par le vol du rapace, suspendu dans le vide, sa tête frôlant les serres du faucon. Fifi, d'habitude si placide, aboya frénétiquement. Soudain, un paysan montagnard qui s'entraînait au tir sur des boîtes de conserve, avec une précision disons .... aléatoire, vit la scène. Pensant à une agression de basse-cour sur ce qu'il crut être un mouton sans laine, il visa le faucon. Son tir, comme d'habitude, manqua la cible.
Mais le coup de fusil, aussi imprécis fut-il, eut un effet inattendu. La détonation fit sursauter Archibald qui lâcha le Professeur, non sans lui avoir arraché un pan de sa redingote et une des lunettes. Le Professeur Bédouard, grâce à un courant ascendant inexpliqué et à une poussée d'adrénaline digne d'un lancement de fusée, ne tomba pas. Au lieu de cela, il se retrouva porté par le vent, son livre qu'il avait miraculeusement rattrapé en plein vol, ouvert sur le chapitre : L'art de flotter sans effort. Il atterrit en douceur sur un autre sommet, Fifi à ses côtés et l'air grave déclara :
- Vous voyez, Fifi ? La lecture, même lorsqu'elle vous met dans des situations invraisemblables, finit toujours par vous sortir d'un mauvais pas ... parfois littéralement.
MORALITÉ :
Si la lecture élève vraiment l'esprit, soyez vigilant car elle pourrait aussi vous élever un peu trop près des rapaces affamés et des chasseurs maladroits. Et n'oubliez jamais qu'un bon livre est aussi utile pour la sustentation mentale que pour amortir une chute ... ou pour donner l'illusion de flotter sur une montagne !
MARIE SYLVIE
LA GRANDE ILLUSION
Monsieur Barnabé, un homme d'une précision horlogère et d'une anxiété cosmique, était persuadé d'une chose : La fin du Monde était imminente. Non pas par une météorite lointaine ou une invasion extraterrestre mais par une menace beaucoup plus insidieuse ... et collante. Obsédé par l'idée de démasquer cette apocalypse rampant, il avait investi toutes ses économies dans le plus puissant télescope qu'il put trouver, un engin massif qui occupait tout son balcon et le rendait impopulaire auprès de ses voisins.
Chaque soir, à la tombée de la nuit, Monsieur Barnabé, s'installait derrière l'objectif, son cœur battant la chamade, prêt à capturer le moindre signe de catastrophe annoncée. Il passait des heures à scruter les étoiles, les galaxies lointaines et les nébuleuses mystérieuses. Il rêvait de découvrir un trou noir gourmand, une comète malicieuse ou même une simple étoile filante un peu trop audacieuse.
Et puis, un soir, ce fut le choc. En ajustant le focus, il vit apparaître sur un fond de vision, non pas un astéroïde géant ou une supernova apocalyptique mais un monstre velu, aux yeux multiples et aux mandibules menaçantes, occupant tout l'écran. C'était la créature la plus terrifiante qu'il eût jamais imaginée ! Monsieur Barnabé hurla, fit tomber ses lunettes, et recula, les jambes tremblantes, persuadé que l'ennemi était à portée de main, prêt à le dévorer, lui et le reste de l'humanité.
- 《 C'est la fin ! La Fin du Monde est là ! Elle nous observe ! Elle va nous aspirer ! 》
Il alerta les autorités, les journalistes et même son pauvre chat, Aristote, qui lassé, continuait de dormir sur le tapis. Personne ne le crut. Le lendemain, armé d'une pelle et un courage inattendu, il s'approcha du télescope, les yeux mi-clos. Lentement il baissa son regard ... et découvrir le monstre.
Ce n'était pas une entité cosmique dévastatrice mais une minuscule araignée, perchée avec nonchalance sur l'objectif du télescope, juste à l'extrémité. Avec ses multiples yeux, elle fixait Monsieur Barnabé, non pas avec malveillance mais avec l'indifférence d'un arachnide contemplant un humain en plein délire. La Fin du Monde tenait dans le creux de sa main !
MORALITÉ :
Parfois, la fin du monde n'est pas une menace cosmique lointaine mais un minuscule détail collé à votre propre nez. Et on peut passer sa vie à chercher des problèmes là où il n'y a qu'une toile d'araignée !
MARIE SYLVIE







Très bien joué ! Surtout le premier qui se démarque plus de l'image initiale. J'ai publié sur l'atelier en mettant les images à la fin du texte. Bon week-end !
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