PROPHÉTIE SAINT-GEORGES
CONSIGNE D'ÉCRITURE AEV 2425 - 21
DE L'ATELIER D'ÉCRITURE VILLEJEAN
https://aevillejean.canalblog.com/2025/03/consigne-d-ecriture-aev-2425-21-du-11-mars-2025-georges.html
GEORGES SIMENON
Mon œuvre littéraire ci-dessous est inspirée de l'univers de Georges Simenon, un hommage à ce grand écrivain.
PROPHÉTIE SAINT-GEORGES
Une nuit brumeuse enveloppait de son voile mystérieux la fête foraine installée à Villeneuve-Saint-Georges en région Île-de-France. Les rires et les cris des enfants enthousiastes des manèges avaient cédé la place à une ambiance pesante, presque surréaliste.
C'est là, près de la vieille roulotte de la voyante que Maigret se tenait, son éternel imperméable usé serré autour de lui, scrutant la scène du crime.
Madame Irina Georgette, la célèbre diseuse de bonne aventure, avait été retrouvée sans vie, allongée sur son tapis persan George Beige, ses cartes de tarot Georges Colleuil dispersées autour d'elle comme un puzzle Georges Seurat inachevé. Le médecin légiste parlait d'une mort violente mais sans arme visible. Était-ce un coup du destin ... ou une prédiction qu'elle n'aurait pas dû dévoiler ?
Maigret observa les passants curieux retenus par des barrières. Certains semblaient secoués, d'autres simplement intrigués. Il se tourna vers l'organisateur de la fête foraine, un certain Georges Lefèvre connu pour son sourire mielleux mais son passé trouble. Était-ce un simple organisateur ou un homme avec un secret caché ?
Au fur et à mesure de l'enquête, les indices s'entremêlèrent. La voyante avait récemment murmuré à un client qu'un danger planait sur la zone d'attraction foraine. Était-ce une coïncidence que ce client ait disparu de la fête foraine ou bien avait-elle réveillé une colère si profonde qu'elle avait signé son arrêt de mort ?
Le commissaire Maigret savait qu'il devait regarder au-delà des apparences car à la fête foraine tout n'est qu' illusion. Avec sa pipe entre les dents et son instinct affûté, il se mit à dénouer les fils d'un mystère aussi opaque que la brume qui l'entourait. Que s'était-il réellement passé sous les lumières vacillantes de ce royaume éphémère ?
☆☆☆
Assis dans le coin discret du bistrot, Maigret sirotait lentement un verre de Nuit-Saint-Georges. Le vin rubis, riche et puissant, éveillait en lui des souvenirs diffus. Tandis qu'il observait les volutes de fumée de sa pipe monter vers le plafond jauni, son regard s'égara sur des ombres projetées par les lampes. Ces ombres lui rappelaient étrangement les clair-obscur de la toile qui ornait le mur de son salon, une reproduction de Georges De la Tour représentant une scène intime baignée de lumière.
La diseuse de bonne aventure avait-elle, comme sur cette toile, perçu dans les ténèbres une lumière, une vérité insoupçonnée ? Maigret se souvenait des prédictions qu'elle murmurait dans sa roulotte. Était-ce possible que ses révélations aient mis un criminel sur le qui-vive ?
Son esprit vagabondait, alternant entre une pensée sur la victime et une réflexion sur ce qu'elle représentait. La fête foraine, avec ses illusions de bonheur, cachait sans aucun doute des vérités bien plus sombres. En retournant son verre entre ses doigts, Maigret prit une décision : Demain il interrogerait à nouveau Georges Lefèvre et il ferait venir le reste du personnel forain pour une confrontation. Il avait le sentiment qu'un détail crucial se cachait dans leur récit, tel un mot perdu dans une carte de tarot ...
☆☆☆
Le lendemain sous un ciel gris menaçant, Maigret retrouva Georges Lefèvre dans une roulotte exiguë, encombrée de bibelots et d'objets hétéroclites. L'homme, nerveux, triturait son vieux chapeau Georges entre ses mains calleuses. Maigret, impassible, l'écoutait raconter l'histoire de Georgio, un jeune homme au passé lourd et à la stature frêle, qui portait en lui une colère sourde.
Georgio, rejeté par la société et réduit à un rôle parmi les forains, avait nourri une rancune grandissante. Chaque jour, il versait de l'acide chlorhydrique sur les engrenages de la grande roue, espérant qu'un jour sa vengeance éclaterait au grand jour sous la forme d'un accident spectaculaire. Mais son plan, aussi sombre soit-il, avait été compromis par Madame Irina Georgette.
La voyante, selon Georges Lefèvre avait vu quelque chose. Était-ce un rêve, une vision ou simplement une intuition aiguisée par des années d'observation ? Peu importe. Elle avait confronté Georgio et, ce dernier pris de panique, avait agi. Il avait concocté un poison à base de champignons toxiques collectés dans la forêt Saint-Georges, un savoir hérité de tradition obscure, et l'avait administré à la voyante, scellant ainsi son destin.
Maigret, en silence, observait Lefèvre. Était-il simplement un témoin ou jouait-il un rôle plus actif dans cette tragédie ? Le commissaire savait que chaque mot, chaque geste, pouvait révéler une vérité cachée. Il se leva lentement, ajusta son imperméable et déclara d'une voix grave :
-" Nous allons parler à Georgio. Et cette fois, il n'y aura pas d'échappatoire ."
☆☆☆
Sous les étoiles vaillantes de la nuit foraine, alors que les lumières des attractions s'éteignaient une à une, Georgio, avec une agilité insoupçonnée, s'était faufilé sur le toit d'un vieux camion. Recroquevillé contre les bâches et dissimulé parmi les ombres mouvantes, il écoutait les échos lointains des voix des forces de l'ordre.
Maigret, quant à lui, à l'écart de l'agitation, sentait un poids s'installer. Quelque chose lui échappait. Les recherches se poursuivaient sous les camions, dans chaque recoin, chaque ombre suspecte ... Mais personne n'avait pensé à lever les yeux ..!
Lorsque le silence nocturne prit possession de la fête foraine, Georgio profita de l'obscurité pour glisser furtivement depuis son perchoir. Pieds nus et le souffle coupé, il dévala les petites routes désertes, emportant avec lui un secret trop lourd pour être révélé.
Au petit matin, alors que Maigret sirotait un énième café au bistrot Le bon Georges, un gendarme vint annoncé que Georgio avait disparu. Le commissaire Maigret resta silencieux, fixant son café. Il savait que Georgio ne pourrait pas fuir éternellement. L'ombre de son acte le rattraperait un jour.
Et maintenant, tout un mystère subsistait : Où Georgio trouverait-il refuge, et quel nouveau rebondissement cette affaire pouvait-elle encore réserver ?
Le commissaire Maigret resta immobile un long moment, contemplant la piste désormais froide que Georgio avait laissé derrière lui. Les forces de l'ordre déambulaient encore dans la fête foraine, visiblement frustrées de ne pas avoir mis la main sur leur suspect. Pourtant, dans l'esprit de Maigret, une certitude s'était ancrée :
Il reverrait Georgio.
Il ralluma sa pipe, le regard perdu dans les lueurs mourantes des lampions. Ce jeune homme à la fois fragile et imprévisible, porté par une vie marquée par le rejet, était bien plus complexe qu'un simple criminel en fuite. Son instinct lui soufflait que cet échappé ne trouverait jamais de paix, qu'il resterait à la fois le chasseur et le chassé. Et lui, Maigret, savait qu'un jour leurs chemins se croiseraient à nouveau.
-" La justice est patiente ", murmura-t-il pour lui-même, en serrant son imperméable contre le vent froid de la nuit. Lentement, il quitta les lieux, son esprit déjà absorbé par les questions sans réponse laissées dans son sillage.
Mais la vie, capricieuse, réservait à Maigret une surprise. Une nouvelle affaire à Saint-Georges-sur-Baulche près de Auxerre en région de Bourgogne- Franche-Comté, viendrait bientôt raviver le spectre de cette nuit foraine. Et lorsque ce jour arriverait, le commissaire Maigret se tiendrait prêt.
MARIE SYLVIE
https://mariesylvie.blogspot.com
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